Résumé
Le populisme de gauche, du fait d’une conception verticale de la politique et de la prééminence d’un leader charismatique, porterait en germes une négligence de l’organisation locale, hypothèse rendue d’autant plus plausible que les partis qui s’en réclament se présentent comme des « mouvements » en quête de désintermédiation. À partir des cas de Podemos et de la France insoumise, saisis à travers le suivi des campagnes électorales, l’étude des documents partisans et une enquête ethnographique en Andalousie et en Bretagne, cet article propose une analyse de l’ancrage territorial de deux partis représentatifs du populisme de gauche. Après avoir mis en évidence les contre-performances de ces deux partis aux élections territoriales, l’article montre qu’en dépit d’un pari organisationnel similaire, Podemos et la France insoumise ont emprunté des chemins divergents en matière de structuration territoriale : tandis que Podemos s’est doté d’une organisation stratifiée et adaptée aux différents échelons territoriaux, La France insoumise conserve au niveau local un mode de fonctionnement très informel. L’article plaide enfin pour une analyse localisée de ces partis, afin de mieux prendre en compte la diversité de leurs configurations territoriales, leur inscription dans un environnement social local et la réalité de leurs interactions avec les mouvements sociaux.