Résumé
L’affiliation de J.-L. Mélenchon aux théories hétérodoxes du populisme des philosophes E. Laclau et Ch. Mouffe a de nombreuses fois été récusée ou relativisée par le leader et ses proches, notamment en s’inscrivant publiquement dans le sillage du paradigme marxiste. À l’encontre de ces affirmations, le présent article défend l’idée que les positionnements de ces différents acteurs sont en réalité fondamentalement analogues sur un grand nombre de problèmes politiques et stratégiques essentiels et s’inscrivent dans un espace intellectuel et politique post-marxiste commun – bien que certaines divergences perdurent sur des concepts importants comme celui de « signifiant vide ». J.-L. Mélenchon est arrivé au populisme de gauche au contact des expériences sud-américaines des années 2000 qui lui procuraient des ressources utiles à sa propre rupture avec la social-démocratie du « oui » au Traité constitutionnel européen (TCE) de 2005 ; c’est ce processus politique, à la fois pratique et réflexif, qui l’a conduit à converger avec les théories du populisme de Laclau et Mouffe. En montrant que ces théories peuvent contribuer à éclairer la pratique politique de J.-L. Mélenchon, le présent article a pour objectif, au plan méthodologique, de souligner l’importance de l’analyse des idées des dirigeants politiques, pour mettre en évidence les effets qu’elles induisent sur leurs pratiques.